dimanche 6 juillet 2014



Génie, à vous de me le dire ! Toujours est-il, et c'est indéniable, que John Green possède un talent peu commun. Auteur du très célèbre Nos étoiles contraire (VO : The fault in our stars) dont l'adaptation cinématographique prévue pour le 20 aout en France est attendue par de nombreux fans, mais aussi des romans Qui es-tu Alaska ?, La face cachée de Margo, Le théorème des Katherine   et, avec David Levithan, du roman Will et Will, John Green apparait désormais comme l'une des références de la littérature Adolescente et Young Adult. Retour, à travers mon expérience avec ses romans, sur les écrits de ce génie du XXIème siècle.

Mon aventure "John Green" commence en 2012 avec Le théorème des Katherine (chronique). Léger, drôle et subtil, ce roman nous guide sur les routes américaines avec des héros vraiment originaux. Puis, je découvre Nos étoiles contraires (chronique). Et là, je rencontre un nouveau John Green. Qui évolue aussi bien dans le drame que la joie, et qui jongle avec les émotions de ses lecteurs comme avec des balles. Puis l'aventure continue en février dernier avec La face cachée de Margo (chronique). Léger couac pour ce roman qui, pour ma part, bien que comportant des points forts, s'étend bien longuement. Enfin, mon aventure connaît sa dernière étape pas plus tard que lundi dernier, avec la lecture de Qui es-tu Alaska ? (chronique en cours d'écriture). Waouh … Quelle beauté ! Mais cette aventure n'est pas encore achevée, tout d'abord parce que je n'ai pas lu Will et Will, mais aussi et surtout parce que j'espère que le maître Green écrira encore bien longtemps. 

Pour ma part, je pense que l'on peut dire que c'est un génie pour la simple et bonne raison qu'il varie les registres avec un talent indéniable. Du tragique pour Nos étoiles contraires au comique dans Le théorème des Katherine, cet auteur écrit toujours avec poésie et sincérité, simplicité et douceur, complexité et beauté. Et surtout, parce qu'il surprend le lecteur. Parce que si l'histoire de Nos étoiles contraires est tragique, il arrive à illuminer le roman, à le rendre joyeux. Et tellement poétique … Qui es-tu Alaska ?, bien que paraissant léger et simple, pose de nombreuses questions très importantes, tout comme Le théorème des Katherine. La face cachée de Margo mêle intrigue policière, suspense et amour des mots. Un registre à la fois comique et pathétique. La différence des thèmes traités montre aussi le génie de John Green, qui passe du cancer à la vie d'ados dans un internat américain en évoquant aussi les problèmes de cœur adolescents. Et il traite tous ces sujets avec douceur, sensibilité, poésie. Il évoque la vie, la mort, l'alcoolisme, l'amitié, l'amour, le destin, l'avenir, et bien sûr la différence. J'ai d'ailleurs remarqué une place importante pour l'alcool pour au moins un personnage par roman. Pourquoi ? Peut-être parce qu'il tente de montrer les ravages des l'alcool, comme une sorte d'engagement contre la boisson. Peut être parce qu'il a lui-même était confronté à des problèmes d'alcool ou parce que ces problèmes ont touché un de ses proches. Peut-être parce qu'il veut rappeler combien boire peut-être dangereux  … L'amour tient aussi une place importante, tout comme les amis. Et bien sûr la mort est présente. Dans chacun de ces romans, la mort est là, présente dans l'action ou dans les yeux d'un personnage qui y a été confronté bien trop jeune ou bien trop souvent. Mais plus encore, c'est la "philosophie John Green" qui est importante. Qu'est ce que c'est que cette invention ? Eh bien c'est je pense le meilleur moyen de résumer le message de John Green dans ces romans. Une vraie philosophie bien à lui qui prône l'amour de la Vie, même quand elle est injuste, la nécessité de chérir ses amis et sa chance, et surtout, de profiter de l'instant présent. Car on ne sait pas de quoi demain sera fait, et que le futur sera un jour un présent dans lequel on pourra profiter. Vivre dans le passé c'est oublier le présent, vivre dans le futur c'est ne jamais profiter du présent. Aimer la Vie, à tous instants, croquez-la à pleines dents et chérissez vos proches. Voilà la "philosophie John Green".

Un autre point fort de John Green, ce sont indéniablement ses personnages. Les héros et leurs amis sont toujours atypiques, marginaux et souvent ayant beaucoup souffert. Et surtout terriblement marquant. On retrouve des personnages amoureux des mots et jouant avec eux, comme Colin, le héros du Théorème des Katherine, qui joue avec les lettres et cherche à longueur de temps, où qu'il soit, des anagrammes. Ou bien encore Margo, personnage de La face cachée de Margo, qui se libère des règles pour créer de nouvelles règles bien à elle, comme le principe de la majuscule aléatoire. Je pense que je ferai un article avec cette règle. L'idée est simple : pourquoi le premier mot de la phrase doit-il avoir le privilège unique de la majuscule ? Aucune raison, donc on peut mettre la majuscule où on veut dans la phrase. Miles, héros de Qui es-tu Alaska ?, est fan des dernières phrases prononcées par les gens juste avant leur décès. Décalé … Tout comme Colin, dans Le théorème des Katherine, qui, scientifique convaincu, cherche une formule mathématique pour prévoir la réussite ou non de son couple. Comment ne pas évoquer Augustus (Gus) de Nos étoiles contraires, qui à lui seul, résume la philosophie John Green par son profil de quasi philosophe, amoureux de la vie, des mots, et ambassadeur de la joie, alors qu'il a de quoi être profondément abattu. Chip, ami du héros de QETA (Qui es-tu Alaska ?), peut tout mémoriser. Ainsi, il connaît tous les pays (du monde !) et leurs capitales. Il y a aussi Alaska, fille fugace, coup de vent, tornade, joie et tristesse. Une fille insaisissable et totalement attachante. Évoquons aussi le meilleur ami de Colin, Hassan, dans Le théorème des Katherine. Ce personnage loufoque, drôle et sensible, apporte au roman une touche de légèreté, de fraîcheur et de bons éclats de rire, notamment lorsqu'il évoque Gros pétard, mais je vous laisse voir de quoi il s'agit ! Tous ces personnages possède un point commun : ils sont impopulaires. Que ce soit dans leur lycée ou dans leur quartier, ils sont toujours en marge, pas seul mais entouré de leur bande d'amis, tout aussi décalée. Une preuve de plus que John Green veut montrer l'importance des amis et leur richesse : pas besoin d'avoir des centaines d'amis. Seuls quelques amis précieux, sincères et uniques sont suffisants et permettent d'être totalement heureux. Vous l'aurez compris, la force de John Green réside avant tout dans ses personnages.

Un autre point fort, ce sont les enseignements que l'on tire de ces romans. Lire un roman de John Green, c'est grandir, évoluer vers un stade où nous sommes à la fois plus adulte et plus enfant. Un stade qui réunit émerveillement de l'enfance et réflexions d'adultes pour pousser l'humain à son paroxysme. Ainsi, on apprend dans Nos étoiles contraires que profiter de la vie présente est une nécessité. Puisque nous avons la chance, contrairement à d'autres, d'avoir une longue vie, autant la vivre vraiment à fond et en profiter … C'est paradoxal mais ce sont sûrement ceux qui ont l'espérance de vie la plus faible qui savent en profiter le plus, alors que nous pourrions en profiter autant et plus longtemps. Dans Qui es-tu Alaska ?, on apprend à surmonter le deuil, à l'accepter, mais on apprend aussi combien avoir des amis est une chose précieuse et unique, qui peut changer une vie. QETA est un bel hymne à l'amitié, même au-delà de la mort. A l'amitié et aux responsabilités envers ses amis … La face cachée de Margo m'a appris une chose essentielle, et tellement logique. On ne connaît jamais vraiment une personne dans sa globalité. Pour cela, il faudrait être à la fois son médecin, son ami, son amour, sa secrétaire, son boss, son infirmière, son institutrice, ses profs … Chaque personne a autant de visages qu'elle fait de rencontres et pour connaître vraiment une personne, il faudrait être toutes ces personnes. Mais n'est-ce pas une bonne chose que de pouvoir cacher certaines choses ? De pouvoir avoir des secrets, (et des différents) pour des personnes différentes . Des choses cachées pour certains et pas pour d'autres ? Enfin voilà Le théorème des Katherine, qui nous apprend que l'amour ne peut être prévu par une formule mathématique mais qu'au contraire, il est imprévisible, et c'est ce qui le rend particulièrement délicieux.

Pour conclure, John Green est un génie pour toutes ces raisons. Parce qu'il crée des personnages forts, attachants, sensibles, fragiles, blessés dans leur intimité mais qui se relèvent grâce aux deux sentiments les plus motivants qui soient : l'amitié et l'amour. Parce qu'il varie registres, tons et genres avec brio et brillance. Parce qu'il apprend à ses lecteurs, parce qu'il nous éduque et nous fait grandir. Parce qu'il est lui, John Green. Un nom désormais gravé à jamais dans l'histoire encore jeune de la littérature Young Adult.

Et vous, qu'en pensez-vous ?
Théo
                                                                    


Références :
Nos étoiles contraires (The fault in our stars), John Green, Éditions Nathan 
Qui es-tu Alaska ? (Looking for Alaska), John Green, Gallimard Jeunesse 
La face cachée de Margo (Paper Towns), John Green, Gallimard Jeunesse 
Le théorème des Katherine (An abundance of Katherines), John Green, Éditions Nathan 
Will et Will (Will Grayson, Will Grayson), John Green et David Levithan, Scripto Gallimard Jeunesse

1 commentaires:

  1. Bel article ! Pour ma part, je n'ai lu que Nos étoiles contraires mais c'était juste génial :P

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Salut !!
Merci de laisser une trace de votre passage, avec politesse, cela va de soi !!
Amicalement
Théo