mercredi 4 juin 2014


 
Je ne trouve pas LE Mot. Celui qui pourrait caractériser dans son ensemble un roman comme Frangine. Si complexe, et pourtant si simple. A la fois explicite et implicite, beau et horrible, harmonieux et détonnant, paradisiaque et infernal, cru et adouci. Tout et son contraire ... Une critique de la société, un documentaire, une fiction ? Une vie. Non ! Pas une, mais des vies ... Une famille. Pas dans la norme, extraordinaire (dans le sens premier du terme), dérangeante pour certains. 
Une famille, unie, forte, fière.

Joachim va sur ses 18 ans. Il a deux mamans, et il emmerde tous ceux qui osent lui dire qu'il est anormal, et ce depuis la primaire. Il faut dire qu'avec son physique de sportif, personne ne va venir trop le chercher non plus. Il n'a jamais eu de graves problèmes, et a toujours été fier de ces deux mères qui ont su lui offrir tout l'amour, toute la protection, toute l'affection et l'attention dont a besoin un enfant. Elles ont fait de leur foyer un lieu de paix, de calme, protégé de toute l'horreur du monde, comme l'aurait fait n'importe quel couple. Joaquim est né sous PMA, tout comme sa sœur Pauline. Celle-ci fait son entrée au lycée. Et elle n'a pas un physique de sportive. Et c'est une fille. Et elle a deux mamans. Et elle entre dans la jungle du lycée. 

Protecteur. C'est peut-être le mot qui caractérise le plus Joaquim. Il induit tout ce que fait cet ado, tout ce qu'il est prêt à faire et à ne pas faire. Il aime sa sœur, plus que tout. Il est impulsif certes, mais moi je l'ai adoré ce personnage. Il est juste, droit, aimant, et il se pose de nombreuses questions. Il va aussi devoir apprendre que la violence n'a jamais rien résolu et qu'une fille sait se défendre toute seule. Pauline, elle, est plus douce, plus calme, et tellement attachante. On a aussi envie de lui foutre une bonne paire de claques pour qu'elle agisse un peu. Mais elle n'a pas besoin de claques, elle a besoin de béquilles, de bases solides pour pouvoir se lever, seule face au monde cruel, horrible, détestable, qu'elle vient de découvrir. Leurs mamans, Julie et Maline, sont aussi des personnages complexes, ayant chacune leur histoire personnelle et leurs problèmes quotidiens, tout comme tout autre couple. 

Réaliste. C'est sûrement l'un des mots-clés du roman. Parce que malheureusement, l'homophobie est une réalité. Une triste et horrible réalité. Être homophobe, c'est être raciste. Et être raciste, c'est un peu comme être con mais en pire non ? Alors, pourquoi, vous, personne douées de réflexion, vous permettez-vous de juger ces personnes qui aiment les personnes du même sexe ? De quel droit ? Le roman représente une réalité aussi avec l'univers lycéen. Enfin, oui et non. Oui, c'est une réalité, entrer au lycée, c'est être jugé, classé, et se voir coller sur le front une étiquette dont il est dur de se débarrasser. Mais en même temps, c'est aussi faux. Le collège est un monde beaucoup plus dur que le lycée. Enfin, selon moi, au lycée, les gens sont plus matures, plus ouverts, plus grands. Mais j'ai sûrement cette vision, parce que je suis tombé dans une classe assez mature cette année en seconde. Mais je m'égare.

Frangine, c'est avant tout l'histoire d'un frère et d'une sœur, un amour inconditionnel, illimité, un amour fraternel. C'est donc Joaquim, le chevalier servant de sa sœur, Pauline (tiens comme ma sœur ! J ). Pauline, ado perdue dans un monde où la différence n'a plus sa place. Une héroïne touchante, vivante, et brisée. Dévastée. Heureusement, elle peut compter sur son frère, sa famille, et c'est souvent sur des ruines qui repoussent les bâtiments les plus solides, les moins inébranlables. Pauline, c'est aussi la preuve qu'il faut parfois laisser les petites sœurs prendre seules leur envol. Même si c'est pour mieux qu'elles s'écrasent. Car, elles se relèveront toujours avec une nouvelle force. Ce roman prouve que les filles, d'une façon différente que les garçons, sont parfaitement capables de se défendre seules. Une réalité à ancrer encore dans la tête de bien des gens … 

Ce roman appelle à la tolérance, à la paix. Chacun peut choisir sa vie et la vivre comme il le veut. Jamais il ne devrait mis à l'écart, injurié, violenté, pour avoir choisi de vivre sa vie comme l'entend. C'est tout de même la sienne … Frangine, c'est puissant. La lecture de ce roman éveille des questions, des sentiments nouveaux. Mais surtout, elle nous prouve une nouvelle fois combien la société doit évoluer. Car Frangine pourrait être l'histoire d'une vraie famille. Et ça, c'est inadmissible.

Et Marion Brunet … Waouh ! Elle fait preuve d'une écriture moderne, vraiment. Les dialogues sont au plus près de ceux d'ados normaux, le récit est percutant, va chercher au plus loin, au plus profond. L'histoire va titiller les gens là où ça fait mal, dans le plus noir de la société. Marion a un style vraiment fort. Elle nous accroche, elle nous agrippe, fait de nous des poupées de chiffon, témoins obligés d'une réalité que l'on peine à bien vouloir concevoir. Et pourtant … Félicitations à cette jeune auteure qui a su me convaincre ! Un talent fou au service d'un message percutant !


Frangine, un roman de vérité, où la fiction et le talent se mettent au service de l'engagement.
Théo
                                                                                         


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